Poetry démontre avec la plus grande force qui soit combien la poésie n’est rien d’autre que la mise en relation, entre elles, des choses les plus éloignées, fussent-elles les plus sordides et les plus terribles de la vie…. Poetry est non seulement l’histoire d’une grand-mère qui transforme des mares de boue en or, mais cette boue sordide est également la matière même du film et celle de son lumineux aboutissement: la boue la plus sordide se retrouve incroyablement unie dans un final exerçant une clarté poétique et émotionnelle inouïe sur le spectateur, et l’on ressort de là bouleversé pour longtemps… Parmi les plus belles scènes du film, celle où la mamie se retrouve au bord du fleuve avec son carnet, et où les nuages paraissent pleurer et retrouver la mémoire de la douleur à sa place, en grosses gouttes sur les feuilles de son carnet de poésie… Actrice fabuleuse, incarnant un personnage dont l’élégance vestimentaire (ah ses jupes un rien ringardes, en dentelle, ses chemisiers fleuris, ou imprimés Missoni, son étole de dentelle et son joli chapeau de crochet… elle est ravissante, cette grand-mère) n’a d’égal que l’élégance du coeur, Yoon Jung-hee habite le film d’une aura de beauté époustouflante, telle l’allégorie ambulante de cette « poésie » qu’elle cherche tant… Le film offre aussi un regard intéressant sur la société coréenne de Séoul qui nous laisse quelque peu pantois quant à la toute puissante masculine dans une culture de la « soumission », ce qui hélas est sans doute là-bas d’une triste banalité… Prix du scénario à Cannes (ultra-mérité). Vu le 18 sept. 2010. Note: ****
Poetry
19 dimanche Sep 2010
Posted Cinéma Films
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Ce film, je l’avais téléchargé étant convaincu que j’allais mourir d’ennui. Je l’avais mis juste pour voir et … je suis resté scotché tout le film ! Un excellent scénario, mais le casting était très efficace également !
l’actrice est simplement fascinante (de beauté, de vie…). C’est vrai que les lectures de poèmes mais surtout les « racontages de vie » de ceux qui suivent le cours de poésie auraient pu être raccourcis (c’est bon, on a compris qu’ils ne comprendront jamais rien à la poésie). Mais ces petites lourdeurs n’entachent en rien tout le sublime de ce film. La fin laisse le spectateur scié devant une telle maîtrise du scénario. Franchement, la récompense cannoise est laaaargement méritée.
Je suis tout à fait d’accord avec toi ! Et je n’ai même pas senti de lourdeurs, je trouve même que ça donnait au film son rythme poétique, que ça nous prenait dans ce rythme !
Sinon après j’avais regardé SALT, j’avais vachement changé de rythme : )
SALT? connais pas! ouate iz it? t’arrive à enchaîner des films radicalement différents, toi? moi rien que le lendemain de ce film (donc aujourd’hui) je n’aurais pas pu en voir un autre…
Idem, d’emblée , ce n’est pas forcement un film que j’ai envie de voir mais , ce que vous en racontez , va peut être me convaincre .. Je crois qu’avec nos vies de dingues, on a parfois à rechercher la facilité.
tu veux dire, on a parfois « tendance » à recherche la facilité? personnellement, je n’ai pas cette tendance là, au contraire, je vais souvent voir au cinéma des films « difficiles », qui demandent un certain engagement psychologique et émotif, sinon, je m’emmerde au cinoche… et ça ne m’apporte rien. J’ai besoin qu’un film justement me secoue… ce qui ne veut pas dire que je ne vais pas voir non plus de films marrants… Mais si le film est « sérieux », je mets la barre très haut…
Je suis de plus en plus attirée par ce genre de film plus difficile d’accès. Mais je dois me résoudre à y aller seule, ça ne tente pas grand monde autour de moi, hélas!
eh bé.. ils ne savent pas ce qu’ils perdent! – sans compter que ce film n’est pas plus difficile d’accès que d’autres… il faut juste y aller sans se dire « je vais au cinoche pour me changer les idées » – ce qui, à mes yeux, n’est pas du tout le but du cinéma… Moi pour ça je fais du sport, je vais pas au cinoche! 🙂
Tu viens de renforcer mon envie d’aller le voir, déjà la bande annonce m’avait interpellée par sa poésie et son onirisme, une interview de l’actrice m’avait interpellée sur la richesse de ce personnage et là tu viens de confirmer mon envie!
merci pour cette très belle revue du film ss en dévoiler les arcanes!
xo
de rien! tu me diras ton impression, alors!
Tu as clairement attisé ma curiosité, reste à voir si j’ ai une chance ici en Hollande de réussir à le visionner avant 2014… (pas toujours facile ici de voir autre chose que ces films à gros budgets, tout plein de cascades, si tu vois ce que je veux dire…)
ah oui, ça serait dommage de rater ça… les « cascades », je vois, je tiens même pas 2mn devant des films comme ça… En tout cas à voir absolument en VO, j’ai oublié de préciser cette evidence..;
dans son entretien, le réalisateur se sent tenu de se justifier par rapport au cinéma de divertissement, comme si l’on ne pouvait plus faire de cinéma d’auteur. C’est un film magnifique, je ne sais si les spectateurs iront le voir facilement.
oui, ce qui est triste c’est que des films comme Harry Potter, ou Avatar, font bien plus d’entrées que ça ou le Ruban Blanc (alors que c’est 10000 fois plus enrichissant et beau)